Entretien avec Perle Bouge, le regard tourné vers 2024

11 avril 2022

©Brool Video

Perle Bouge est une médaillée paralympique en para-aviron, licenciée à l’Aviron Bayonnais, elle fait la fierté de la région Nouvelle-Aquitaine lors de nombreuses compétitions. Ancienne joueuse de basket fauteuil de 2001 à 2010, elle se lance ensuite dans le para aviron. À 44 ans, elle a remporté deux médailles paralympiques (le bronze aux Jeux de Rio en 2016 et l’argent aux Jeux de Londres en 2012) et compte de multiple titres aux Championnats du Monde et d’Europe. Perle Bouge est aussi et surtout une athlète engagée ; ambassadrice du label Terre de Jeux 2024 et du Comité Paralympique et Sportif Français ainsi que membre de la commission des athlètes de Paris 2024.

Lors d’un entretien à la Maison régionale des sports à Talence, nous avons échangé sur sa volonté de faire vivre les Jeux de Paris 2024 dans toute la France, sur ces différents engagements mais aussi sur ses ambitions sportives pour les prochains Jeux Paralympiques.

AMBASSADRICE "TERRE DE JEUX 2024"

Paris 2024 et le label “Terre de Jeux 2024” ont souhaité avoir des ambassadeurs sur les territoires. Tous ces ambassadeurs étaient déjà mobilisés. Depuis longtemps déjà, notamment au sein de la commission des athlètes, j’insiste sur le fait que les Jeux ne sont pas qu’à Paris.

Quand on est athlète on vient tous d’un territoire, c’est donc important de se mobiliser pour celui-ci. Je viens d’un club, une structure avec des bénévoles. Des entraîneurs m’ont permis d’atteindre le haut niveau, cet ancrage est très important et joue un rôle capital. En tant qu’ambassadrice “Terre de Jeux 2024” je suis également amenée à aller dans les écoles pour changer le regard des enfants sur le handicap, pour qu’une fois adulte, ils soient sensibilisés à cette question. Je me rends aussi dans des structures pour les accompagner vers plus d’accessibilité, plus d’activité sportive en leur expliquant que le sport pour tous n’est pas qu’une question d’argent, il suffit parfois d’une volonté politique. Globalement, mon rôle est de mobiliser les territoires pour plus d’activité sportive et pas seulement du sport de haut niveau. L’ activité physique est importante dans la vie de tous les jours, qu’on ait 3 ans ou 70 ans. L’événement des Jeux de Paris 2024 est un tremplin pour encourager la pratique du sport en France et j’espère qu’on continuera à surfer sur cette vague pour que les dynamiques continuent après 2024.

J’ai assisté, pas uniquement en Nouvelle-Aquitaine, à la tournée des drapeaux, un événement important pour les collectivités et pour les jeunes. Au travers de cette manifestation on raconte l’histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Je me suis dernièrement rendu à Dax, où toute une journée était consacrée à l’activité handisport et valide. J’ai pu rencontrer les sections sportives, échanger avec les jeunes… Je me suis également déplacée à Saint-Jean-d’Illac, à l’occasion des “vacances sportives” autour d’une thématique sur le handicap et le parasport. Les enfants ont pu s’essayer au cécifoot ou encore au basket fauteuil.

Cela permet de montrer qu’à travers le sport on peut tous pratiquer ensemble mais également de mettre en lumière les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés les personnes en situation de handicap. Au-delà des Jeux de Paris 2024, on doit pouvoir, quand on est en situation de handicap, se rendre dans un club sans soucis.

J’aimerais que la Nouvelle-Aquitaine soit la région numéro 1 dans la mobilisation des collectivités, des clubs, des écoles… J’aimerais que les fédérations, comme les institutions soient acteurs de ces Jeux.

MEMBRE DE LA COMMISSION DES ATHLÈTES DE PARIS 2024

La commission des athlètes est composée d’athlètes olympiques et paralympiques, avec un principe de mixité. Notre rôle est de partager notre regard sur les Jeux afin de proposer une expérience optimale aux athlètes participants aux Jeux de Paris 2024. Suite à notre présence à plusieurs éditions des Jeux Olympiques et Paralympiques, on échange sur ce qui nous semble essentiel pour réussir l’accueil des délégations et le quotidien pendant la compétition. Pour vous donner quelques exemples, les sujets peuvent être la qualité de l’hébergement et de la restauration, le temps de distance entre le lieu d’hébergement et le lieu de pratique ou encore les liens avec la famille et les amis pour partager la victoire…

Pour la partie paralympique, avec Michael Jeremiasz , nous portons une attention particulière sur l’accessibilité et le fait que les Jeux Paralympiques soient à la hauteur des Jeux Olympiques.

Je pense que le regard du handicap lors des Jeux Olympiques et Paralympiques a déjà changé depuis 2012, avec les Jeux de Londres, qui ont beaucoup apporté à ce sujet. Les anglais ont une vision différente de celle portée en France ou ailleurs. Pour avoir participé à ces Jeux, on se rend compte que ce public vient encourager la performance et non des personnes en situation de handicap. Ensuite ce changement s’est confirmé à Rio en 2016 avec une meilleure diffusion des Jeux Paralympiques par nos médias. En France je dirais qu’on a passé un cap au sujet du handicap et il faut continuer. Est-ce qu’en 2024 on sera au même niveau que les Jeux de Londres en 2012 ? Je ne sais pas, mais on en prend la route et les athlètes paralympiques seront aussi là pour alerter. 

On souhaite évidemment que les regards sur le handicap changent, mais pour changer les regards il faut aussi que les personnes en situation de handicap soient acteurs. C’est à nous de nous investir et de dire aux gens de venir regarder les Jeux Paralympiques, qu’ils y verront de la performance. Je souhaite également que ces Jeux marquent les esprits des nations étrangères, qu’elles puissent se dire que la France a été capable d’organiser de super Jeux Olympiques et Paralympiques parce qu’ils ont associé la culture, le sport, l’accueil, et l’accessibilité. L’image et la médiatisation des Jeux Paralympiques de 2024 est aussi essentielle pour pousser les personnes en situation de handicap à la pratique sportive. Voir les performances sportives d’athlètes paralympiques contribue à donner de l’espoir à des enfants en situation de handicap, c’est aussi tout l’intérêt de la médiatisation du parasport.

SPORTIVE DE HAUT-NIVEAU

J’ai eu une grosse déception lors des Jeux de Tokyo en 2021 donc pour l’instant je me projette année après année. De plus, je concours en para-aviron, avec un coéquipier, donc il faut aussi trouver un partenaire susceptible de pouvoir rentrer dans le bateau avec la bonne classification. Il y a beaucoup de facteurs qui font que mes ambitions pour 2024 ne dépendent pas que de moi. Forcément, je suis une compétitrice, donc je ne souhaite pas rester sur l’échec des derniers Jeux et j’aimerais y être. Par contre, il est évident que je ne m’alignerais pas si je sens que mon bateau n’est pas compétitif. J’ai ces Jeux en ligne de mire mais si ce n’est pas sur un bateau, ça sera dans les tribunes quoi qu’il arrive. Je pourrais transmettre mes expériences aux jeunes qui arrivent dans ma discipline. C’est un de mes souhaits d’accompagner la jeunesse vers la pratique sportive et vers le haut niveau. Ça serait pour moi la plus belle des reconversion que d’amener quelqu’un à me remplacer. Quand je vois Arthur Bauchet qui décroche des médailles aux Jeux Paralympiques d’hiver j’ai les yeux qui brillent, je me dis que la relève est là dans le sport d’hiver et j’aimerais que ça soit pareil pour l’aviron.

Avec le Comité Handisport, je suis déjà dans cette logique de transmission et d’accompagnement. Pourquoi pas, à l’avenir, aller vers le haut niveau, pas forcément en tant qu’entraineur, mais plutôt dans la gestion humaine de l’athlète. On parle beaucoup de performance, de sportif, mais on oublie l’individu. J’aimerais travailler à cet accompagnement des jeunes sportifs, parce que tout peut vite s’arrêter, à cause d’une blessure, d’une contre performance et il faut apprendre aux jeunes que la vie continue, qu’il y a d’autres choses en dehors du sport. Des rêves peuvent être brisés, mais ils ne doivent pas briser des individus.

Les Jeux de Paris seront une réussite si on arrive à changer le regard sur le handicap, si on améliore l’accessibilité des transports, si notre équipe de France est très performante et surtout si on arrive à faire que le sport ait une vraie place dans notre société.

SES COUPS DE COEUR RÉGIONAUX

  • Spécialité culinaire favorite : les cannelés et les dunes
  • Événement culturel incontournable : les fête de Bayonne et la foire au jambon
  • Lieu touristique préféré : la chambre d’amour à Anglet et Andernos les bains
  • Plus belle découverte : la culture basque
  • Plutôt vin, cognac ou armagnac ? : vin
  • On dit pain chocolat ou chocolatine : joker
  • Incontournables en Nouvelle-Aquitaine : l’océan
  • La région en trois mots : vert, blanc, bleu

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